Nice. «Brasilia» : muito bom !

C’est l’adresse la plus cool et minuscule de Nice. La moins formatée aussi. «Brasilia» de Marianne Altenbernd et Victor Brandi est un ovni dans l’univers bobo du quartier Garibaldi-Bonaparte, le plus survolté de la ville. Ici, pas de crèche pour hipster connection. Le décor est gentiment bricolé, pochette 33 t de Baden Powell, murs jaune brésilien, quatre à cinq tables blotties entre l’entrée-vitrine et le comptoir bardé de cagettes de pamplemousses. François-Régis Gaudry, critique gastronomique de L’Express et créateur de «On va déguster», son épatante émission dominicale sur France Inter, a, le premier, dégainé sur cette adresse de niche. Il disait vrai ! Courte terrasse, salle de poche, bons plats, additions minuscules et “tudo bem” !

Marianne apporte l’ardoise du jour avec le pão de queijo. On grignoterait sans fin ces petites boules à la farine de manioc et au fromage du Minas Gerais et comme c’est le jour de la «feijoada», plat-carrefour national, costaud et bon enfant, voici une copieuse assiette de haricots noirs, saucisse fumée, porc salé, laurier, orange… dans le fil de la tradition. En semaine, Victor, passé par quelques brigades étoilées, dont celle de Bruno Oger, au Cannet, varie les plaisirs.

 

La brochette de thon de Méditerranée avec ananas et mangue rôties est tout en couleurs et légèreté. Les galettes «tapiocas» à la farine de manioc, comme celle à la crème de morue et lait de coco, sont fines et croustillantes. Les cakes maison – aux carottes et chocolat, à la crème tapioca et confiture de lait… – dansent avec des jus frais «bio», pomme et persil ou ananas-carotte-gingembre, ou le lait végétal maison à base de noix.

L’éventail de cette adorable «boîte à café» (arabicas du Brésil, Guatemala, Ethiopie) est ainsi bien plus large qu’on ne l’attendait. C’est une «table de copains», humble et joyeuse, volontiers vegan. Et puis c’est bon et même muito bom !