Il est de la nouvelle génération de l’hôtellerie de luxe à Nice, silhouette imposante aux lignes sobres, vue sur «l’estuaire» de la Coulée Verte entre place Masséna et Baie des Anges. Ouvert en novembre dernier, Le Victoria, membre du groupe Maison Albar, est un atout certain pour Nice dans la compétition économique et touristique alors que l’hôtellerie comble son retard haut de gamme avec de nouveaux cinq étoiles aux stratégies différentes comme l’Anantara Plaza Nice Hotel ou Le Couvent. Le Victoria c’est 102 chambres, 30 suites, spa de 650 m², espace fitness, Café Victoria ouvert de 9h à 20h, une dizaine de boutiques de luxe…

Et puis il y a Taulissa («sur les toits» en niçois) son restaurant en roof-top. Car c’est au dernier étage que cet hôtel contemporain et charmeur relève son premier défi d’image et de notoriété. On le sait, la gastronomie n’est pas toujours inclue dans le quotidien des hôtels de prestige, elle y est même souvent remise en question. Au Victoria, elle est prise au sérieux et promet de savoureux lendemains.


L’actualité est bien dans ce bonus d’altitude qui a changé la donne: il faut avoir son roof-top ! Autrefois, la gastronomie imposait en intérieur une mise en scène d’ors, marbres, stucs et tentures. Dans les années 50 elle semblait avoir la vie devant elle au sein de palaces rescapés de la crise économique (Negresco, Ruhl…). Alors que le Negresco se rénove avec talent et que Virginie Basselot y maintient un cap étoilé au Chantecler, le dernier-né du groupe Maison Albar fait la différence avec son restaurant bien nommé dont Glenn Viel, chef de L’Oustau de Baumanière, signe la carte. Aux Baux de Provence il a apporté la troisième étoile à cette grande maison française et l’enrichit de ses recherches. A Nice, il a confié à deux des siens une mission simple mais délicate : créer une ligne claire et une authenticité culinaire, ce qui n’est pas le sujet de tous les roof-tops en exercice.



L’action quotidienne repose sur un duo de talents. Fred Grava, le chef exécutif, son complice des années Courchevel (Kilimandjaro, Cheval Blanc) et de l’ascension de l’Oustau, fort d’une expérience méditerranéenne de près de douze ans en Corse, notamment à l’hôtel Son de Mar à San Ciprianu. A ses côtés, le chef pâtissier Guillaume Bousquet, créatif aux escales étoilées à Paris (Meurice, Prince de Galles, Lasserre, Akrame Benallal, Le V au Four Seasons George V), lui aussi venu de L’Oustau de Baumanière.

J’ai aimé leur gastronomie qui ne prétend pas donner une leçon de raffinement à chaque client venu à sa rencontre et privilégie savoir-faire et quête du produit. On comprend aussitôt la Taulissa attitude. Restaurant traversant aux baies protectrices, vue à 360° sur la Méditerranée et le cœur urbain, espace de croisière ouvert aux grandes tablées comme aux dîners intimistes, terrasse, piscine, bar, élégant salon bleu, oliviers centenaires… que d’envolées !



Dans cet environnement grand écran se glisse une partition offrant plus de plaisir que de tout à l’ego en cuisine et un service attentionné à table. On goûte un artichaut en barigoule, coppa et chips d’artichaut; la déclinaison de tomates et feuilletage au citron, ou un œuf mayo et herbes fraîches, épatant de finesse… La carte fait tourner les classiques, salade niçoise (au thon mariné), poulpe grillé, entrecôte Black Angus, poulet cocotte, épaule d’agneau confite…



On aurait pu s’ennuyer au fil de plats «revisités» mais au contraire on se pique au jeu de cette cuisine créative et soignée jusque dans ses chics rencontres en direct du vivier dont la langouste, bisque de homard, paprika fumé et beurre aux algues, préparée au guéridon avec ses linguini. Brillante enfin aux desserts, du citron crémeux acidulé, sablé noisette et citron brûlé, à plus inattendu, la rhubarbe confite, pesto basilic et fromage Fontainebleau.




Taulissa n’est pas le plus people et spectaculaire des restaurants en roof-top mais sait aussi divertir quand l’heure lounge et DJ est venue. Plus rare est son choix d’une cuisine qui n’oublie rien des fondamentaux et dément le constat ancien d’une gastronomie invivable à Nice dès qu’elle est en étage. Enfin c’est une niçoise qui veille à ce précieux équilibre. Leslie Cherfils, fidèle durant seize ans à l’InterContinental Hotels Group, notamment directrice régionale ventes et marketing pour l’Europe, avant de diriger l’InterContinental Marseille-Hôtel Dieu. A la tête du Victoria elle offre son expérience de l’hôtellerie de luxe internationale autant que bon sens et art de vivre. Coïncidence, à deux pas de l’ancien Ruhl devenu un Méridien fort peu Riviera, Taulissa est un lieu haut perché qu’il fait bon découvrir, midi ou soir, pour son harmonie avec la ville, sa gastronomie plein ciel et son pouvoir d’évasion.
Taulissa à la Maison Albar – Le Victoria, 6 Av. de Suède, Nice. Tel. 04 22 70 08 00.
Menu déjeuner du lundi au vendredi 38 et 49 €. Carte env. 75/95 €. Ouvert tlj.
levictoria@maisonalbar.com
Café Victoria (1er étage
). Tél. 04 22 70 08 02. Ouvert 9h/20h
.
cafe.victoria@maisonalbar.com

