Il y a des années, comme çà, où l’actualité gastronomique s’énerve, agite fourneaux et chaumières et déclenche, plus que d’autres, sa poussière d’étoiles. En janvier, des chefs s’inquiètent de leurs lendemains, étoilables ou non, d’autres changent de crèmerie ou en rêvent… 2018 s’annonce comme la météo du moment. Vivante, perturbée, moins prévisible. J’aime ces millésimes qui cassent rythme et habitudes et enchaînent coups de vents et bruits de toques au coeur de l’hiver.
Avant même que le Guide Michelin ne dévoile sa récolte rouge (officiellement le 5 février), il y a eu quelques frémissements dans les branches. Sébastien Broda, l’étoilé du Park 45, à Cannes, a quitté Le Grand Hôtel et la Croisette pour le centre de Cognac et l’hôtel Les Chais Monnet, complexe 5 étoiles et l’un des plus gros chantiers de la région, qui ouvrira en juillet. A Mougins, David Chauvac ne sera plus le chef du Mas Candille et à Nice, une nouvelle page va s’ouvrir au Negresco où, après dix ans de mandats, Jean-Denis Rieubland quitte les cuisines du Chantecler et rallie le Royal Champagne (Champillon-Bellevue, près d’Epernay), transfert annoncé en avant-première par l’ami “Pudlo”. Les candidats à ces places au soleil se bousculent au portillon ou sont déjà recrutés (Cannes) mais en Provence-Côte d’Azur ce n’est qu’un début.
Et puis l’heure des étoiles approche, avec ses rumeurs et ses fortes tendances. A trois étoiles, le nom de Christophe Bacquié, à l’Hôtel du Castellet, dans le Var, revient comme une belle promesse, ceux de Mauro Colagreco (Le Mirazur à Menton) et de Dimitri Droisneau (La Villa Madie à Cassis) sont esquissés sur Atabula, tandis que celui d’Arnaud Donckele, 3 étoiles de La Vague d’Or (Résidence de la Pinède à Saint-Tropez), table splendide et saisonnière, est évoqué pour le restaurant gastronomique du palace Cheval Blanc, inclus dans l’ensemble de La Samaritaine (LVMH), qui ouvrira en fin d’année à Paris. A deux macarons, Alexandre Mazzia à Marseille (AM) et les frères Tourteaux à Nice (Flaveurs), ces adresses de feu et d’esprit qui me passionnent, tiennent la corde de la créativité, tandis que Bruno Cirino (L’Hostellerie Jérôme à La Turbie), croisons les doigts, pourrait retrouver la deuxième étoile qu’il n’aurait jamais dû perdre et que Sébastien Sanjou (1 macaron au Relais des Moines, aux Arcs sur Argens) s’approche à grands pas de ce seuil étoilé. Mais janvier ne fait que commencer…