Nice. “Mon Petit Café” : gastronomie au salon

Quelle est la rue de Nice où deux restaurants, bons acteurs de la gastronomie actuelle, sont tenus par la même famille, distants de vingt mètres, sur le même trottoir ?…

… Rue Grimaldi, où Séjour Café et Mon Petit Café, propriétés de la famille Geille – Marilène et Renaud, leurs enfants Marina et Robin – sont complices et concurrents, calés en charme et atmosphère.

Vous écrivez sur l’un et vous avez envie d’écrire sur l’autre, tant leurs décors sont arty, littéraire et vintage, plus appart’ que restos et leurs cuisines sud sentimental sont portées par des chefs attachants et différents. Sympa, la photo de famille ! Alors, à qui le tour ?

Aujourd’hui, place à Mon Petit Café, dirigé par Robin. Au percutant méditerranéen de Nicolas Mendjisky, le chef de “Séjour”, répond la manière posée de David Angelot. Ce quadra au bagage solide a louvoyé depuis vingt ans entre L’ Arpège d’Alain Passard, le Jamin de Robuchon, L’ Ambroisie de Bernard Pacaud, Le Pavillon Ledoyen et quelques autres escales à Paris  (chef du Cristal Room Baccarat) et en Corse (L’ Emile’s à Calvi).

Depuis un peu plus d’un an, il s’est glissé dans le décor séduisant de cette table qui tranche, comme “Séjour”, sur la bistronomie niçoise. On est dans un salon de gastronomie sans rituel ni dorures. Parquet, banquettes, accueil cool et discret, murs au bleu tendresse, retour de voyages, terrasse vitrée sur la rue… qu’on soit habitués urbains ou touristes alertés, on se sent bien ici, midi ou soir. La cuisine, derrière le bar, est moderne et fonctionnelle mais résolument de poche et l’assiette qui en sort est d’autant plus valeureuse. Il y a du métier, de la tenue et une fraîcheur immédiate dès l’entrée de tourteau avec brunoise de navets, mangue, coriandre et siphon de noix de coco…

La fricassée cèpes et escargots ? Même timing, même esquisse. Le  filet de bar et sa légèreté d’agrumes n’invite que ses amis : le produit, la cuisson. Enfin, sur l’ardoise aux six desserts, une délicieuse feuillantine pralinée, mousse et sorbet mandarine, crème de marron, que j’ai choisie au lieu du biscuit sablé, figues fraîches et crème cassis. Elle aussi est acquise à la cause de cette cuisine plus dans la délicatesse que dans lese contrastes. David Angelot semble avoir le sens du lieu où il cuisine. Pas d’obsession étoilée en vue mais une passion intacte. L’addition est plutôt bistrot chic – autour de 50 €, entrée, plat, dessert et un vin au verre – la clientèle ravie de l’assiette et de l’atmosphère… Mon Petit Café est, avec Séjour Café, sa voisine, l’une des tables de plaisir et de refuge de la ville.

Décidément, la rue Grimaldi a de la chance. Hôtel de charme à deux pas- et deux entrées ! – Le Grimaldi, bien nommé, et, voisin de palier de Mon Petit Café, Chez Davia, resto-bistrot-retro à l’italo-niçoise, dans son jus, ouvert dans les années 50. Plats indétronables de maman Altobelli, cuisine du produit de son fils Pierre (troisième génération ). Tradition, nostalgie et coq au vin… Je vous en parlerai un autre jour.