Toulon. Loué soit « Le Local » !

Le Mourillon, cette loterie bleu Méditerranée ! Rien d’inédit, juste le jeu restaurateur propre à tout front de mer. Sur une centaine de mètres les enseignes sont à touche-touche, il y en a pour tous les goûts et on peut trouver son bonheur… mais il n’est pas interdit de regarder à deux fois.

 Dans cet alignement,  Le Local de Thibaud et Caroline Durix a l’allure d’un bouchon, anodin avec sa mini terrasse à l’angle du littoral Frédéric Mistral et de la rue du Pré des Pécheurs. Il ne ramène pas sa vitrine mais comme moi, j’en suis sûr, vous aurez un coup de coeur pour cette jeune adresse sans décor m’as-tu-vu, ni food infantilisant.

Murs bleu canard, panneaux de bois brut (tables et bar), ardoise du jour accrochée en tryptique, l’atmosphère est au bistrot de copains et à un mix de générations, bons goûteurs et clients alertés par le rapport qualité-prix et l’écho du « circuit court ». Alerte rouge, encore une chapelle bio-locavore ? L’instant de frayeur passé, et après lecture de l’ardoise haut perchée, j’ai rencontré un amour de bonne table.

En quelques assiettes de grès, Thibaud installe un credo limpide : le produit, la qualité, un sourcing sans oeillères, simplement la préférence accordée aux producteurs locaux (comme le fromage de chèvre de la Ferme du Tourris à La Valette) et un cuisiner net qu’explique son parcours en lieux sûrs : bref passage à l’Hôtel du Castellet, au temps de Nicolas Sale, entente complice avec Jean-François Bérard (L’Hostellerie Bérard à La Cadière-d’Azur), puis avec Dimitri Droisneau à La Réserve de Beaulieu, enfin chez Carthier Traiteur à Toulon.

Avec deux entrées, deux plats et deux desserts, au choix, le menu (29 €) est l’un des plus angéliques de l’aire toulonnaise et bien au-delà. Sur la partition d’un soir, j’ai parié sur la fraîcheur et le parfum d’un taboulé de chou-fleur et fromage de chèvre frais, siphon betterave et tuile dentelle au curry, un quasi de veau à la tendreté parfaite avec palets de polenta à la marjolaine, purée de butternut et cèleri rave confit, enfin la poire pochée à l’hibiscus, crémeux vanille et gelée de rose, au délicat sucré.

Cette cuisine en solo sonne juste, portée par Caroline, adorable et souriante. Elle propose une courte carte des vins,  bien sûr avec du local et souvent du bio : Domaine Croix Rousse, Rimauresq, cuvée « R », épatant rouge Borrely Martin, bandol Domaine du Gros-Noré ou encore le Domaine du Bagnol, cuvée Marquis des Fresques, l’un des meilleurs dans l’appellation Cassis. Cuisine, accueil, rapport-prix-plaisir, esprit de bistronomie améliorée… ce Local exemplaire est mon coup de cœur du moment.