Tourrettes-sur-Loup. Du bon usage du Sansot

Depuis la terrasse vitrée, la vue sur le village est imprenable. Avec ses maisons dorées, Tourrettes-Sur-Loup a des airs de Gordes, en Luberon. Elle n’a pourtant pas suffi pour installer durablement ce restaurant parmi  les bonnes adresses du pays de Vence, dont Le Clovis de l’étoilé Julien Bousseau, au coeur du village. Depuis un an, Stéphane Furlan a redonné du coeur Le Sansot et a conjuré le mauvais sort.

On retrouve le chef expérimenté et volubile, ancien de La Palme d’Or à Cannes, connu à La Litote, dans le Vieux Vence, pour son fin classicisme (gâteau de tourteau à la coriandre, lapin braisé, crème brûlée à la violette…), puis à L’Essenciel, la table panoramique du Splendid Hôtel & Spa (Nice).

A Tourrettes, sa cuisine du marché et sa quête du produit local ont réveillé la petite maison postée comme une étape de diligence en bord de la route qui conduit à Bar-sur-Loup. On pioche à l’ardoise du bien fait, bien servi, comme les gnocchis et espuma de tomates, le duo de foie gras – poêlé et en médaillon – le merlu braisé sauce au beurre blanc, le duo de porc (de Tourrettes) avec les saucisses perrugine braisées au porto et vin rouge, la tarte au citron, le fondant au chocolat… sans oublier le fromage de la Chèvrerie des Baous à Saint-Jeannet. Sous les 30 €, c’est la bonne affaire.

Pour choisir un bon compagnon sur la carte des vins, suivez les conseils de Seb, le malicieux serveur. Il a pour vous l’une des cuvées du Domaine Saint-Joseph, de Julien Bertaina, qui est bien plus que le “vin de Tourrettes” (goûtez son rouge “Triptyque”!) et dont les vignes de Saint-Paul de Vence donnent un rosé séduisant.

… Mais pourquoi Le Sansot ? Avant de pousser la porte, on n’est pas obligé de connaître Pierre Sansot, écrivain, philosophe et sociologue né à Antibes. On devrait pourtant lire ou relire cet auteur aujourd’hui disparu qui trouvait “fondamental” un plat de tripes servi au comptoir, l’émotion, les jardins publics, le bon usage de la lenteur, le rugby ou les gens de peu et assurait que “seul le singulier existe”. Stéphane Furlan l’a lu et en parle avec passion. Après avoir dîné à sa table, ce sage pourrait devenir votre auteur de chevet.