Gordes. Bastide, Gagnaire et littérature

Gordes est sage comme une image en Provence. Depuis la colline d’en face, on smartphone sans répit ce “plus beau village” de France et de là, impossible de manquer La Bastide de Gordes et son univers de terrasses et restanques. Classé “Palace”, gastronomie signée Gagnaire et livres au coeur du décor, dont l’intégralité de La Pléïade, cet hôtel est tout un roman. Il a même son prix littéraire, le vrai luxe !
Pour la deuxième édition de ce prix imaginé par Jonathan Lambert et qui récompense l’auteur d’un premier roman, le jury (Frédéric Beigbeder, Jonathan Lambert, Patrick Besson, Christophe Ono-dit-Bio, Régis Jauffret) a retenu “Innocence” de Eva Ionesco (Grasset), livre troublant et vertigineux mais non sans espoir sur le rapport entre une mère et sa fille, la recherche du père et la reconstruction de soi.

L’attribution du prix s’accompagnait également d’un débat sur “La cuisine dans le roman”, en présence de Pierre Gagnaire, chef 3 étoiles et conseil de cette grande adresse du Luberon, qui avait préparé avec Léo Forget, le chef actuel du restaurant “Pèir”, un dîner fidèle à son style. Les gambero rosso macérés à l’amontillado, purée de potimarron, brunoise de poire et gelée de piment d’Espelette, voile de mortadelle, eau de tomate safranée, piquillos farci d’une brandade de morue, la sole de Méditerranée traitée meunière, infusée dans un fumet de palourdes du Grau-du-Roi au blanc de Cassis, la tourte de truffe noire, blettes et pousses d’épinard, ou la gelée chaude de Muscat de Beaumes-de-Venise, poire williams, framboises, noisettes torréfiées, mousse coquelicot… on lisait émotion, harmonie impressionniste, esprit grand sud et horizons de Méditerranée. Du Gagnaire dans le texte, à La Bastide de Gordes, ce jour-là à livre ouvert.