Cannes. La Table du Chef : Et Bruno transmit à Omar

La Table du Chef a été et reste l’une de mes adresses favorites à Cannes. J’y ai révisé ces leçons élémentaires : l’esprit du marché, le travail du produit, l’art du simple en cuisine (réussir une soupe…).

Dans ce restaurant grand comme trois pommes – on pourrait le rebaptiser La Petite Table du Chef – Bruno Gensdarme, compagnon de route de Guy Savoy, a exercé dix ans de «bien faire et laisser dire» et a si bien réussi que les cannois les plus avisés en ont fait leur adresse de cœur. Puis Bruno le sage a vendu son p’tit resto en lisière de la rue d’Antibes. Il peint, il voyage, il vit.

Entre un avant et un après, c’est souvent le même procès d’intention. Flinguer le chef nouveau, parfois sans même avoir goûté sa cuisine («c’était mieux du temps de…!»)… Alors,  La Table du Chef, y aller ou pas ? Oui, bien sûr ! Parce qu’Omar Nimaga, lui aussi un ex de Savoy (Chiberta, L’Atelier de Maître Albert), a repris avec Romai, un ami avocat, l’adresse que Bruno lui a transmise.

Il envoie des plats de même facture depuis la cuisine-confetti tapie près du bar : gaspacho de légumes, courgettes et brousse, risotto de petits pois et saint-jacques, émulsion citron-menthe, pintade fermière, quasi de veau, tartelette de framboises, salade de fruits rouges et mousse mascarpone à la fleur d’oranger… Du soigné, du gourmand. Cet heureux caractère(« je suis un électron libre ! ») reste fidèle au marché Forville et aux fournisseurs de son prédécesseur. Jus au naturel, cuissons, textures, sa liberté commence par le cuisiner vrai, des prix d’aubergiste, l’accueil amical de Thibault… Réconfortant, cet «après» !