La Ciotat. Vertueux “Roche Belle” !

Sur la corniche du Liouquet, Edwige et Damien Arnaud fêtent leur dix ans de bonne table. Coin caché et valeur sûre.

Vous arrivez d’une longue traversée, aussi périlleuse qu’un restaurant peut être un traquenard. Le port de La Ciotat n’est pas droit devant et les falaises du Liouquet invitent plutôt au naufrage. Mais c’est ici que vous voulez accoster, avec sa corniche étroite comme un chemin de contrebandier, où voisinent deux bonnes tables, Roche Belle et La Table de Nans. 

En attendant de retrouver Nans Gaillard (une étoile au Michelin), la première est un peu abri côtier derrière un mur de verdure et pierres sèches. La terrasse sous les oliviers affiche souvent complet alors on se replie dans les deux salles pimpantes, l’une aux murs ocre, illuminée par la cave de jour, la seconde, blanche et intimiste.

A l’ardoise, vous aimez déjà le tartare de thon rouge de ligne aux framboises, pêché à Marseille selon l’ikejime japonais (respect du poisson, du goût, de l’environnement) mais le menu de la Corniche (37 €) est d’un rapport qualité-prix peu discutable, avec thon façon gravlax, avocat-gingembre-citronnelle, le pavé de maigre rôti, écrasée de pomme de terre et olives noires, un ris de veau pané aux noisettes, chou-fleur rôti et jus perlé, l’épaisse côte de porc fermier, crème de lentille à la moutarde, enfin une exquise poire pochée au safran, crémeux yuzu, sorbet poire.

Depuis dix ans, Edwige et Damien Arnaud n’oeuvrent pas pour la postérité ni pour qui écrit quoi mais régalent une clientèle qui ne jure que par leurs bons plats et leur marche tranquille. Le produit, le geste, l’attention, tout est là, résumé dans une droiture culinaire sans torpeur ni trompettes.

Formé chez Jany Gleize (La Bonne Etape à Château-Arnoux), les frères Pourcel à Montpellier et Régis Marcon à Saint-Bonnet-le-Froid, Damien ne cultive pas nostalgie des grandes étapes et confie ne pas courir après les étoiles. On croit volontiers ce jeune aubergiste tout à sa cuisine savoureuse et lisible. Simplement maître chez lui.