Et si c’était le restaurant-brasserie du centre-ville qui réussit le mieux l’équation cuisine-décor ? Laissons la gastronomie de côté, ses assiettes sous contrôle, sa ponctuation et ses trémolos, ou encore le quartier Port-Garibaldi, fringant et magnétique, bondé de tables bobos-compatibles. A deux pas de l’avenue Jean Médecin, l’avenue Clemenceau est moins tendance mais Nice s’active partout et il y avait une place généraliste à prendre.
Ce fut Le Périgord, puis Le Madrigal avec Jean Pierre Robert et Paul Capa venus du Chanteclerc (Hôtel Négresco), enfin Le Bangkok. Aujourd’hui, c’est La Langouste… Le grand écart ! L’enseigne d’un restaurant étant un choix personnel, pourquoi pas l’aimable crustacé ? A ses débuts, j’avoue avoir buté sur le titre choisi, ignoré la grande salle au coin cheminée, illustrée de sculptures de Marina Hubner, snobé la véranda lumineuse et le patio-jardin aux grands palmiers – un luxe, en centre-ville – et même zappé la cuisine. Pour tout dire, je n’avais pas serré la pince de l’animal ! Quelques mois plus tard, un déjeuner d’automne avec des amis chers m’a rassuré sur cette adresse élégante et festive (*), rénovée par George Mordekhashvili, son propriétaire géorgien.
On y aime les plats sans exercice de style, mise soignée et facture droite, du foie gras mi-cuit mariné au Porto et figues, à la poire pochée et baba au sirop d’agrumes, en passant par un automnal velouté de butternut, oeuf mollet, crumble noisettes et champignons. Sébastien Lopez, trentenaire niçois, récemment chef du Carré Llorca dans le Vieux Nice, ne s’est pas évadé de grandes brigades mais il a la vista de ce que peut-être une cuisine de «gastro-brasserie» bien conduite (le filet de loup rôti, fenouil et artichauts sautés en persillade, vierge de tomates confites et agrumes, les Saint-Jacques snackées, tombée d’endives au miel et safran, mousseline de carottes jaunes).
Le langage est clair, gourmand, coloré et, bonne nouvelle, çà tient la route jusqu’aux desserts, signés Julien Massot (sa “pomme en trompe-l’œil”, au sucré délicat), passé notamment à La Place de Mougins de Denis Fétisson et ex chef pâtissier à l’hôtel Saint-Roch (Courchevel) et au Saint Paul (Saint-Paul de Vence).
Dommage, la carte des vins est encore débutante, avec un Bellet bien esseulé (Château de Crémat, qui vient de changer de propriétaire), la Provence résumée en cinq domaines, un choix succinct en Bordeaux et Bourgogne, de beaux repères (Château Petit-Village (Pomerol), champagne blanc de blancs Amour de Deutz) et quelques crus à découvrir en Géorgie, pays berceau du vin. Mais le rapport cuisine-prix-atmosphère (formules sous les 30 €) l’emporte à cette table chaleureuse conduite par Aleksandre Burdzenidze – appellez-le Sacha ! – qui a l’oeil à tout, soigne autant les déjeuners d’affaires que les dîners intimes et vous dit «gemrielad miirthvith” (bon appétit en géorgien).
(*) Menu-déjeuner du 25 décembre 80 €, menu-réveillon du 31 déc., 150 €.
Infos pratiques
- Adresse : La Langouste, 7 avenue Georges Clemenceau, 06000 Nice
- Tél : 04 93 88 79 23
- Site : www.lalangouste.fr
- Menu : Formules 19 et 24 €, lundi à vendredi
- Carte : Env. 40/70 €
- Fermeture : Ferm. dimanche
4 comments
petite mise au point.Entre le Périgord et le Bangkok il y a eu le Madrigal avec Jean Pierre Robert et Paul Capa tous deux venant du restaurant Chanteclerc au Négresco.
Très juste ! Je les ai oubliés à tort. Je vais le préciser Merci pour votre rappel. Cordialement
Merci Jacques ! Tu as fait partie de l’aventure… Que de bons souvenirs au Madrigal !
Une belle salle spacieuse, décor lumineux, l’accueil est sympathique. Apprécié l’espace entre les tables on se sent à l’aise pour discuter sans avoir l’écoute des voisins de table. Le service est très professionnel avec le sourire en prime. Ce jour nous avons apprécié la formule entrée-plat à 19 €. (tartare de boeuf à l’italienne – Jambalaya terre-mer sur un risotto au curry. Belle présentation, Excellent. Un bémol, la carte des vins, pas de bouteille à moins de 32€ (Notre choix un rouge Côte de Provence St Jullien, quelconque. Carte à revoir. Très bonne adresse.