Saint-Raphaël. Cap Santa Lucia : à bon port

Saint-Raphaël mène une double vie portuaire. Le “Vieux Port”, en bordure du coeur de ville, et plus à l’est, sur la route du littoral, le port Santa Lucia où on trouve quelques tables vaillantes.

La ville peut vanter sa promenade et sa vue sur la Méditerranée… enfin ce qu’on en devine, dans le cas du port Santa Lucia, à la digue en partie illustrée façon fresque. On ne va pas refaire le procès du bétonnage plaisancier des années 1970-1980 mais un mur, même imagé et utile contre les coups de tabac, reste un mur et pénalise l’horizon…

Passé cet instant rabat-joie, il est l’heure de chercher un restaurant et là encore, on chicane ! Quelques adresses au coude à coude, une gastronomie difficile à débusquer mais parmi les adresses de bonne conduite (Les Voiles, Le Coelacanthe, Chez Francesco...) il y a Cap Santa Lucia. Mon coup de coeur. Sobre décor, salle en trois ou quatre espaces, coin “caviste”, toit escamotable et terrasse plein sud, voilà, à deux pas de la capitainerie, une table qui cherche à fidéliser, pas à briller.

Je craignais le faux-chic gourmand et cette muflerie plaisancière si répandue qui vous fait prendre des vessies pour des lanternes et un snack pour un étoilé, mais rien de tel au “Cap”. L’assiette est au clair, c’est amical dès l’entrée – la fraîcheur du tartare de maigre aux agrumes – les plats sont savoureux, soignés, cohérents – côté mer, la dorade sébaste, écrasé de pommes de terres le dos de maigre rôti, jus d’étrilles et légumes de saison – les desserts dans la même veine, dont une délicieuse tartelette aux agrumes parfumée au thé matcha.

Courte et pas racoleuse, la carte des vins invite les cuvées du Domaine Terres Destel, le seul cru raphaélois, d’autres au floral délicat comme le rosé Grande Cuvée du Domaine des Sarrins à Saint-Antonin du Var, ou encore le fin perlage d’un champagne Bruno Paillard.

Bon rapport prix-plaisir, service attentionné, cuisine solide de Denis Cusant, chef venu de Savoie… pour tenir ce cap il fallait une volonté féminine et Anne-Valérie Gonçalves n’en manque pas. Cette angevine a travaillé quinze ans au Monchu, incontournable à Chamonix, expert en raclettes, fondues et “pierres chaudes”. Formateur ! La dame de Haute Savoie a ouvert Cap Santa Lucia en 2012 et depuis, la clientèle locale est restée fidèle à cette table de qualité, courtoise et raisonnable, installée dans la durée. Et on  ne parle plus de mur mais de livre d’images…