«L’Empire de l’or rouge» de Jean-Baptiste Malet. Peur sur la tomate !

On vient à peine de terminer notre «tomate-mozza» tout en feuilletant  «L’Empire de l’or rouge» et soudain çà ne passe plus ! Reporté, notre rouge désir de tomates anciennes ou de collection, à revoir, l’envie de pizza, le goût d’enfance pour le ketchup et la gaspachomania qui déferle en tetra packs… Un peu barbouillé, on a pris une leçon d’investigation avec la nouvelle enquête de Jean-Baptiste Mallet, parti explorer les filières de la tomate d’industrie dans le monde, après avoir enquêté sur Amazon («En Amazonie, infiltré «dans le meilleur des mondes», Fayard 2013).

Sacré bouquin, de Pékin à Rome ou Brindisi, de la province du Xinjiang aux Pouilles ou à la Toscane, de la Californie au Ghana, porte d’entrée de l’Afrique pour les concentrés ! Malet, Tintin du ketchup, dévoile une mondialisation aux reflets mafieux et aux douteux additifs, en particulier, dans les années 1990, la montée en puissance de la Chine dans l’industrie de la tomate transformée et son empire actuel (2^e producteur mondial de concentré derrière la Californie).

Cueilleurs, traders, laborantins et généticiens, intermédiaires de l’ombre, entrepreneurs-«rois», personnages de roman d’aventure (le général Liu-Yi, fondateur de l’entreprise militaro-agricole Chalkis, propriétaire, notamment, de l’usine provençale Le Cabanon)… chaque chapitre vaut son pesant de boues rouges. Champs contaminés de Campanie, laboratoires véreux, faux étiquetages et fausses tomates pelées «San Marzano», concentrés «italiens» venus de Chine, traite des migrants… la tomate fait dans l’incontinence mais n’oublie aucun continent, marchandise planétaire au marché lucratif et aux voies impénétrables… Beaucoup moins depuis la parution de ce livre qu’on parcourt le rouge au front et l’appétit en berne. Tout le contraire d’une enquête en boîte et déjà récompensé par le prix Mange, Livre décerné à un ouvrage «mettant en avant l’alimentation issue de pratiques respectueuses», qui sera remis à Jean-Baptiste Malet le 23 septembre.