Porquerolles. Mas du Langoustier, la possibilité d’une île

Comment ne pas aimer Porquerolles ? La reine des Iles d’Or que François Fournier, ingénieur belge ayant fait fortune au Mexique, offrit en cadeau de mariage à Sylvia, le 22 février 1912 ! Une perle en rade d’Hyères, courtisée, classée, protégée, mais débordée certains jours d’été. Plages, terrasses, la place et son église au style mexicain, les pistes poudreuses… le siège touristique de l’île aux vélos. Et puis il y a cette évasion, à l’ouest. L’hypothèse haut de gamme du Mas du Langoustier, “hôtel de caractère”, propriété de la famille Le Ber, silhouette ocre et atmosphère de demeure d’hôtes, aussi semblable à un établissement de chaîne qu’un palmier évoque un sequoia.

Retourner au Langoustier, même après trop de saisons, c’est retrouver une vieille connaissance avec les vertus d’une adresse de charme qui se serait aventurée en bout de pistes. Il est lui-même insulaire, modernisé mais pas trop (à quoi bon être contemporain ?), méditerranéen, romanesque. Sur l’ilôt du Langoustier voisin, Simenon écrivit un «Maigret» et Godard tourna des scènes de «Pierrot le fou» avec Belmondo. A quelques minutes de marche, la silhouette restaurée du Fort du Grand Langoustier semble un Fort Alamo en paix. Sur son promontoire, cet ami-sentinelle veille sur les saisons du Mas et le repos de clients qu’un bateau-taxi a débarqués sur la plage voisine.

Au Langoustier, j’ai connu Caline et Georges Richard, gardiens de sa nostalgie, accueil bon enfant pour époque vintage. Ah, les navettes en vieux Dodge longeant les vignes du Domaine de l’Ile, lui aussi estampillé Le Ber ! Salvatore Troia, directeur général du Mas du Langoustier et talentueux homme d’image, a ensuite apporté un élan décisif. Il a préservé l’âme et l’identité du lieu tout en installant l’hôtel dans une actualité devenue urgente. Les chambres et suites, sobres, lumineuses, loin de tout design, ouvrent sur la nature-refuge – pinède, garrigue, eucalyptus, bougainvillées… – non sur un décor de carte postale. On vient au Langoustier pour cette harmonie entre charme provençal et douceur Caraïbes, pour l’évasion tranquille et une gastronomie séduisante et sudiste (voir “L’Olivier” à la rubrique Restaurants).

Mais la vue-mer, le grand bleu ? Ils sont à deux pas, sur la plage privée «semi-sauvage» posée dans une entaille de rochers. Plus loin, d’autres sables, criques et horizons… Porquerolles, le Mas du Langoustier, cette possibilité d’une île ! A quoi bon regagner le continent ?