Le Bar-sur-Loup. Jasmins confidentiel

Au Bar-sur-Loup, en pays grassois, cuisine, hospitalité, atmosphère hors du temps font le charme de l’Hôtel Particulier des Jasmins. Coup de cœur pour un «non restaurant» et sa demeure-mystère…

Aujourd’hui il n’y a plus d’adresse secrète. Une table apparaît et aussitôt partagée, un client venu de Laponie est déjà à votre porte. Dépité, le critique qui croyait à l’exclusivité s’éloigne dans la nuit. Au Bar-sur-Loup, à l’écart de la route qui relie Pont du Loup et Magagnosc, l’Hôtel Particulier des Jasmins pourrait être cette adresse-mystère et cultive avec bonheur l’art de l’effacement.

La demeure à la patine vieil ocre, fermée pendant plus de vingt ans, appartient à l’histoire du village, ancienne propriété de la famille Mane, grand nom de l’industrie du parfum, puis «café, restaurant, pension de famille».

Côté vallée du Loup, la terrasse au bougainvillée est délicieuse les soirs d’été et l’intérieur – salon, salle à manger, chambres aux papiers peints – a été rénové avec tact par l’architecte Jacqueline Morabito.

Cette atmosphère confidentielle a séduit Bruce Descatoire et Julien Durante qui tenaient pâtisserie-salon de thé-chocolaterie à La Colle-sur-Loup, avaient ouvert des bars à vins à Lyon, Toulouse et Lille et cherchaient «un lieu avec une âme». 

Ceci n’est pas un restaurant mais une table hospitalière et savoureuse : tian de petits légumes et mozzarella, vrai bonheur provençal, friture d’anchois, filet de bar grillé aux amandes, steak de porc, figues et pommes de terre au pesto, papillote de pruneaux à l’armagnac (un vrai sud-ouest gourmand), millefeuille aux fruits rouges plus décevant.

Quelques vins de plaisir, chardonnay d’Ardèche, Petit Angueiroun (côtes de provence), Gaida «Chemin de Moscou» (Pays d’Oc), brouilly ou saint-chinian escortent ce «bien fait» et vendredi midi, c’est aïoli !

On aime Les Jasmins pour le naturel, la sincérité d’accueil, l’addition sage, le panorama. C’est aussi un moment de poésie qui ne surprendrait pas les lettrés. Le poète Francis Ponge («Le Parti pris des choses»…) a vécu et s’est éteint (1988) dans une maison proche de la vallée du Loup. Une vallée particulière…