La mer, on ne la voit pas vraiment danser mais elle est à deux pas, au pied des falaises du Liouquet. C’est le “off La Ciotat”, vue sur l’Ile Verte et dernière plage avant Saint-Cyr-sur-Mer, la corniche est étroite comme un chemin de contrebandier et Roche Belle y est un coin caché.
Mur de pierres sèches, terrasse sous des oliviers ancêtres, et même une table pour amoureux à l’écart derrière un palmier, ce n’est pas luxe et tant mieux, c’est nature, celle qui prend son temps et a laissé un peu de place au restaurant ouvert il y a dix ans par Edwige et Damien Arnaud.
D’abord, cette idée fausse: croire qu’un midi de début juillet, par grand beau et chaleur de saison il n’y aurait pas grand monde à Roche Belle. C’est mal connaître cette table à l’accueil sans façons et au rapport qualité-prix peu discutable (22 € la formule déjeuner). La réserve des habitués veille, toutes générations confondues, la terrasse est pleine et on se replie dans la première salle aux murs ocre, avec cave de jour en mur-écran.
C’est le genre d’adresse que j’aime, ni concept furieux ni restaurant embourgeoisé que la saison touristique surprendrait en flagrant délit de négligence. On ne vous fait pas le coup du déstructuré et du légume du jour en points de suspension, il y a le produit, le geste, la juste recherche. Tout cela est dans le bagage de Damien, formé chez Régis Marcon à Saint-Bonnet-le- Froid et chez Jany Gleize (La Bonne Etape à Château-Arnoux).
On disait autrefois d’une bonne table que sa cuisine était “soignée”, c’était même écrit à l’entrée, encadré et sous vitre et c’était parfois vérifié.
C’est exactement çà, Roche Belle. Prenez le menu à 36,50 €, un modèle de sagesse. Le filet de maquereau mariné au basilic blanc puis grillé sur une fine tarte moutarde-tomates, le risotto crémeux au parmesan, gambas snackées et bouillon de crustacés, la courgette farcie à la brousse, coulis de tomates et basilic, les petits chèvres du Fayet et mesclun, la pêche rôtie au caramel, sablé breton et sorbet verveine… c’est la sincérité même, la note bleue d’une table qui rassemble.
En cave – le mur de lumière, dans la première salle – le choix provençal est court mais sérieux : Château Pibarnon et Domaine du Gros Noré en Bandol, Cassis du Château Barbanau (cuvée Kalahari), Château Crémade (Palette)… Les légumes viennent de la Ferme Cupis, mitoyenne, l’accueil d’Edwige est adorable, le service sans retard et toujours à l’écoute. Alors, «bistro» ou «gastro», la question ne se pose pas. C’est simplement et joliment cuisiné. L’essentiel !
Infos pratiques
- Adresse : 455 Corniche du Liouquet, 13600 La Ciotat
- Tél : 04 42 71 47 60
- Menu : Menus 22 € (à éj. en sem.) et 36,50 €
- Carte : Env. 50 €
- Fermeture : Fermé dimanche et lundi