Nice. Le Mesclun: l’art et la table

Avec un tel nom, on imagine un restaurant du Vieux-Nice priant pour le salut du mesclun, ce mélange de salades douces et amères que les pères franciscains cultivaient jadis dans leur monastère de la colline de Cimiez…

Mais pas d’embrouille entre quartiers ! Ici c’est Carras, à l’ouest de la ville où Le Mesclun règne sans guère de concurrence sur la carte de la gastronomie. La ligne 2 du tram changera bientôt la vie de l’avenue de la Californie et un arrêt est prêt, à quelques mètres du restaurant de Frédéric Astié et Ludovic Goux. Mais les bonnes fourchettes, venues souvent de loin, n’ont pas attendu pour découvrir cette adresse, de treize ans d’âge. Les Niçois, moins curieux, se font espérer. Ils ont tort.`

Devanture couleur lie de vin, cuisine ouverte, lambris, miroirs, décor centré sur L’Ecole de Nice (lithographies d’Arman, Sosno, Ben…), Le Mesclun s’habille contemporain.

Dans la famille des tables sans peur et sans tapage, c’est une de mes préférées. Pour les saveurs franches, les pointes épicées, le percutant d’un plat de langoustines, le bon vivant de la côte de Charolais maturée, truffe d’été et poêlée de girolles.

Le filet de maigre, artichauts violets au gingembre, tomates confites et olives niçoises, la selle d’agneau frottée à l’origan, cèpes, fèves et artichauts ne vantent que le produit, la cuisson, l’ajusté. Ludovic Goux est peut-être l’ami des blettes mais pas l’otage d’un terroir, fut-il niçois.

Sur son chevalet, l’ardoise adresse le message de cette gastronomie sans surenchère, la convivialité de Frédéric Astié fait merveille, le livre de cave (300 références) fait une part à la Provence (Domaine Rimauresq, Château de Bellet, cuvées de l’Abbaye de Lérins… Vignoble des Hautes Collines à Saint-Jeannet), tout semble courtoisie et bon sens gourmand. Et pour rassurer les aventuriers niçois, le parking est à cinquante mètres…