La Colle-sur-Loup. La deuxième jeunesse d’Alain Llorca

Son nom exprime une flamme romanesque à la tonalité hispanique. Comme on vit plusieurs vies, il était plusieurs fois Llorca…

… Le jeune bretteur cannois révélé dans son premier restaurant, Les Peintres, dans le Haut-de-Cagnes. Le mousquetaire du Chantecler, au Negresco, dans sa période niçoise, sans doute la plus aboutie, l’étoilé du Moulin de Mougins et un après Vergé douloureux, le passage, passable, de Don Juan à Juan, à La Passagère de l’hôtel Belles Rives, des conseils et ouvertures de cafés-bistrots (Monaco, Nice, Vallauris)… Enfin sa renaissance dans sa bastide de lumière à La Colle-sur-Loup.

Sur la terrasse avec vue exclusive sur Saint-Paul, pousse une gastronomie mature portée par un service bon enfant. Les raviolis d’artichauts cuisinés en bouillon de jus de truffe (d’été), copeaux de jambon ibérique, ou le poupeton de fleur de courgette, truffe (noire) et beurre de champignons, indiquent l’esprit et la méthode.

De vrais plats gourmands, parfois tarifés luxe (salade de haricots verts et caviar osciètre français, 80 €), marient le chic et le “pauvre” (homard bleu breton rôti, étuvée de figues noires et cèpes) et jouent clairement le terroir (lotte à la niçoise, piperade, jus d’un stockfish et saucisses perugine) , avant d’aborder les pâtisseries sereines de Jean-Michel Llorca (tiramisu crémeux au café, vacherin gianduja).

Cette campagne étoilée, conduite à deux avec Virginie, aborde ses dix ans, pavillon haut, deuxième terrasse pour les grands volumes et hôtel de charme près de la Fondation Maeght (Les Messugues, tel. 04 93 32 53 32). On est loin des menus “tapas” flamboyants du Moulin de Mougins et pomme de ris de veau à la plancha ou canette rôtie et cocotte de légumes ont pris le relais et tiennent le haut de la colline.

Un Llorca classique ? Pas vraiment. L’ardent créatif couve sous le sage et vit une deuxième jeunesse avec mille et un projets à l’esprit. Définition d’Alain Llorca, quelle que soit l’époque: le punch, l’envie, la forme !