C’est une adresse à part, insolite et solitaire, mais à la sortie d’Ollioules, pas hors du monde ! On file vers Sainte-Anne d’Evenos par la route des Gorges et la petite maison vous attend, comme un poste-frontière, en bordure de La Reppe…
On a nos papiers en règle et surtout le rapport favorable de nos indics : “L’Antidote, restaurant repris depuis deux ans par Ludovic Lamont et Gaelle Lebrun. Bonne table, seize couverts, prière de réserver… à faire !”…
Pour moi, Ollioules c’était d’abord La Promesse et la gastronomie sensible de Valérie Costa, puis “Promis” qu’elle a ouvert en novembre au centre-ville. Désormais il y a cette table-mystère qui a son fan club et dont j’ai poussé la porte un soir de janvier. Intérieur chaleureux, mur rouge théâtral, tables de bar, chaises en fer forgé, terrasse secrète et ombragée. Gaëlle vous accueille comme si elle n’attendait que vous, s’enquiert de savoir qui a conseillé cette adresse et si vous l’avez trouvée facilement. On ose à peine lui dire que la route et des impatients lancés à nos trousses nous ont fait manquer l’arrêt.
Il aurait été dommage de passer à côté de L’Antidote et la cuisine personnelle de Ludovic Lamont. Peu repéré par les radars des médias, passé notamment au Royal à Deauville, au Bistrot du Port à Honfleur et à la Société Nautique à Genève, son cv vaut bien ceux d'”ex de” qui épatent la galerie. De sa cuisine de poche cachée derrière le bar, sortent des assiettes au dressage impeccable, un “bien fait” à la ferveur autodidacte (l’entrée d’un millefeuille de sainte-maure, pomme granny smith, truite fumée et poutargue). La technique est là, les saveurs aussi et tous les signes d’une cuisine enthousiaste et généreuse qui valorise le produit, tels les ris d’agneau, crosnes, échalotes confites et jus d’estragon, tout en rondeurs et gourmandise.
J’aime ces tables qui ne cherchent pas à vous embrouiller, avouent leurs petites maladresses, se rattrapent aussitôt, sincères et non chichiteuses et, surtout, aiment faire plaisir. Cette envie se goûte à l’ardoise, de l’os à moelle au sel de truffe, aux ravioles de magret fumé, châtaignes, foie gras et bouillon de poule ou au filet de boeuf Simmental, mousseline de cèleri à la fève tonka. Les ris d’agneau étaient ce soir-là imbattables, le baba au limoncello, crème mascarpone au yuzu, convaincant dans sa version légère, le rapport prix-produit-saison dans le vert autour de 50 € et la cave perfectible au delà de la cuvée Antidote (Domaine de Terres Promises) et d’un Côtes de Provence tout en droiture (Château des Sarrins).
Charme et attention, phrasé précis, peut-être un peu scolaire, comme dédié à la cuisine de Ludovic, son chef au bandana, Gaëlle trouve les mots justes. On devrait décorer cette courtoisie à mille lieues des accueils indifférents et des “çà a été?” en rafales commis après chaque plat. Ensoleillée à midi, vitrine de lumière le soir, L’Antidote vit ainsi, simple et sincère sur la route des gorges qu’on prend un peu trop pour un circuit de vitesse. Avez-vous noté ? Seize couverts, cuisine soignée, bon accueil.. pensez à réserver !
Infos pratiques
- Adresse : L’Antidote, 994 route des Gorges 83190 Ollioules
- Tél : 06 41 68 64 65
- Carte : Env. 40/55 €
- Fermeture : Fermé dim. et lun.
2 comments
Nous avons découvert ce petit restaurant l an dernier et nous en sommes ressortis si enchantés que j avais commis un petit billet dans Trip… que j avais intitulé “médaille du mérite” Ollioules dispose aujourd hui de 2 belles adresses avec la Promesse J espère que quelque guide avisé aura le bon gout de faire un détour par l Antidote
Tout à fait d’accord avec vous.
Mais au moment où j’écrivais cet article, j’apprenais que c’est malheureusement terminé pour La Promesse au Domaine de Terrebrune. Une page se tourne pour Valérie Costa, en attendant de trouver un lieu nouveau.