Théoule-sur-Mer. “L’Aiguille” : quelque part, une plage…

C’est rare l’harmonie. Certains restaurants ne l’atteignent jamais, insouciants ou mal conduits, d’autres croquent la vie et tout semble leur réussir. L’Aiguille est de ces vertueux.

Depuis l’Office de Tourisme de Théoule, quelque trois cents mètres de promenade conduisent à ce restaurant de plage et vous ouvrent un sacré appétit, une voiturette à la demande raccourcit le trajet jusqu’à ce bout du monde et vous voilà les pieds dans le sable, entre roches rouges et paroi de verdure, face au golfe de La Napoule et à la baie de Cannes, comme un continent lointain.

Depuis quatre ans, Fred Vacherié, ancien conseiller en entreprises qui a bourlingué dans l’Océan Indien et a tenu L’Envie d’ailleurs puis le Café de la Place au Cannet, est le patron de L’Aiguille, comme il l’est du Cabanon, boulevard du Midi à Cannes. 

Dans cet ailleurs préservé et chaleureux, aux premiers ocres de l’Estérel, la carte en dit long – jusqu’au Porc noir de Bigorre ou à l’agneau de lait de la coopé basque Axuria – et les suggestions du jour recentrent le sujet sur une cuisine à dominante marine. Le sourcing est choisi (Jean-Michel Orosco et Marius, pêcheurs au port de La Figueirette, La Pêcherie Azuréenne à Mouans-Sartoux, la Boucherie Agricole à Cannes…) et en quelques plats on comprend le sujet : le produit, l’exacte saveur, le plaisir.

Tartare d’espadon et fenouil à cru, délicates langoustines, filet de turbot sauvage, écrasé de pomme de terre et potimarron bio de Jean-Charles Orso, formidable maraîcher, maigre rôti, pavlova à l’ananas mariné, crème légère montée au gingembre pour finir en fraîcheur… quelle franche cuisine !

L’Aiguille manie les tables amicales, les dîners nappés et un instant tapas au coucher de soleil est une pure évasion. Fred Vacherié fonctionne à l’enthousiasme, au projet, «à l’humain» et une clientèle fidèle se rallie à sa table singulière, à l’esprit, à l’atmosphère nature de ce petit paradis, loin des plages formatées. Alors qu’attendez-vous ? Marchez !