Être en ville mais voir la mer, l’observer d’en haut depuis sa terrasse et lui promettre de la partager un jour… Enfant, Victor Nothhelfer a dû rêver de cette scène comme beaucoup de petits toulonnais qui prenaient le Mourillon pour le paradis. Aujourd’hui il est exaucé, peut-être à la même place que dans son rêve, devenue pour ses clients la terrasse de Chez Victor qu’il a ouvert il y a trois ans.
Ce restaurant n’est pas un loup solitaire. Ils sont six postés en enfilade au début de la route de corniche, et autant à la suite. Celui de Victor est une adresse du poisson réputée, salle moderne et minimaliste, murs bleu et blanc, tables de bois clair, terrasse chauffée et protégée en hiver, comme un salon avec vue imprenable sur la Méditerranée.
Victor Nothhelfer a suivi pendant huit ans le savoir d’Alain Audibert, le patron du Gros Ventre, institution de la cuisine de la mer où il a commencé apprenti. C’est son université du Mourillon comme l’Auberge du Fenouillet à La Crau, où il succéda à Jo Vally, fut son école des saveurs provençales. Ici, c’est presque tous les jours fête pour les amateurs de coquillages et de pêche locale. Victor ne jure que par le poisson «sauvage», proposé le plus clair de l’année par Michel Cornette, son pêcheur, dont le bateau est ancré à deux pas, au petit Port Saint-Louis. Un chanceux, Victor !…
… Et nous aussi, au moment de puiser sur sa carte le poisson au four ou en croûte de sel, la poêlée de couteaux et moules en persillade, les spaghettoni au homard bleu, les langoustes de Méditerranée, les tagliolini à l’encre de seiche et poulpe grillé piquant… Ces classiques du répertoire partagent la scène avec un commando de filets de bœuf, champignons et légumes du moment (Alain Méric, maraîcher à La Crau) ou foie gras et truffes noires du pays d’Aups, qui ont même leur menu spécial.
Chez Victor, terre ou mer, çà ne minaude pas, l’assiette est généreuse (trop?), les saveurs franches, l’accueil chaleureux, la passion Mourillon intacte. Dommage que les huîtres et les moules de la Maison Giol, à Tamaris (La Seyne), tout aussi valeureuses que les stars de Gillardeau, soient les oubliées de son «circuit court». Mais Victor le varois serait, diton, sur le chemin du pardon et ses habitués comme les découvreurs d’un jour ne lui en tiennent pas rigueur et mettent toujours le cap sur cette adresse de confiance.
381 Littoral Frédéric Mistral. Tel. 04 94 31 90 67.chezvictor@sfr.fr Six plateaux de coquillages de 19€ à 135 €, menus 36 et 56 €, menu truffes noires 88 €. Carte env. 45/65 €. Fermé jeudi à déj. et mercredi.