Paolo Bonazzoni – «Boni» pour les nombreux intimes – a ouvert son auberge il y a quatorze ans. Il quittait alors le centre-ville où il s’était fait connaître par sa cucina et son tonus, d’abord rue Barla puis rue Tonduti de l’Escarène. La bistronomie n’était pas encore née et il régalait en précurseur avec ses tapas à l’italienne servies dans des bols. Les bols de Boni ! Antipasti calabrais, fromage piémontais au four, morue au lait vénitienne, fusilli siciliens, agneau de Sardaigne en cocotte… et un rapport qualité-prix imbattable.
Il prit ensuite du recul et se mit au vert dans ce drôle de quartier qui longe la voie Pierre Mathis entre le lycée d’Estienne d’Orves et la Fac de droit et sciences-po. Les saisons ont passé et il a fait de sa maison perchée un restaurant chaleureux et enluminé. Un album à colorier, avec terrasses, tonnelles et cabanes, salle comme un théâtre illustré de mosaïques, peintures et collages, cave à vins vitrée avec jambons, saucissons, Vespa iconique et macchina pour façonner les pâtes à la semoule de blé dur. Un spectacle !
Cette auberge conviviale, l’air un peu récup’, un peu guinguette, est à découvrir parce qu’elle est Boni, pas bobo, avec sa cucina aux racines piémontaises et vénitiennes qui est sa marque de vérité. L’ardoise change au gré du jour et des saisons, elle parle clair et gourmand, invite les charcuteries lombardes de Rovagnati, dans la province de Monza, le petit poulpe en cocotte ou une délicieuse paglierina, tomme de vache du Piémont au miel et éclats de pistache, conservée autrefois dans la paille de froment qui s’imprimait sur la croûte.
C’est une table vivante où vous aimerez le parfait risotto à l’encre de seiche, supions et févettes, comme le croquant et le fondant du travers de porc cuit à basse température, l’esprit artisan, les recettes puisées dans les grandes régions d’Italie, vitello tonnato piémontais, cacio et pepe originaire de Rome avec pâtes tonnarelli, pecorino et poivre noir ou les gnocchis et vitelottes à l’arrabiata, gambas et stracciatella (fromage frais de vache originaire des Pouilles). Enfin il y a le tiramisu. Audrey le prépare à la table comme dans certains quartiers de Venise, biscuits de Savoie imbibés de café, jaunes d’œuf, sucre, mascarpone et cacao amer mais sans blanc d’œuf ni liqueur d’Amaretto. Magistral.
La Locanda a ses fans de tous quartiers, venus partager ses bons plats, ses couleurs, sa bonne humeur, arrosés de quelques cuvées italiennes, Barbera d’Asti, Montepulciano, Nero d’Avola… Elle est à elle seule une destination, un «off Nice» où on prend son temps, qui est souvent celui des copains et des repas en famille… Bref, on n’est pas sorti de l’auberge !
16 av. Robert Schuman . Tél. 04 93 18 92 31. Plat du jour 14,50 €, formule midi 18,90 €. Menus 27 et 35 €. Carte env. 40/48 €. Fermé dimanche, lundi.