Nice. « La Cave Rembrandt »: petites faims et jolies soifs

Table d’avant l’ère bistronomique, La Cave Rembrandt cuisine sain et bon et réjouit de ses vins d’auteurs. A l’ancienne. On aime !

La Cave Rembrandt a vingt ans. Rien à voir avec le maître amsterdamois du XVIIe, peintre de la lumière et du clair-obscur mais à deux pas de la place Arson, haut-lieu bouliste de Nice, l’immeuble s’appelait, en toute simplicité, Le Rembrandt. Carlos et Delphine Del Maso ont ouvert ce bistrot-caviste quelques vendanges après qu’Olivier Labarde, à La Part des Anges, eut révélé les vins nature aux niçois. Vive les anciens !

Derrière le comptoir, Delphine cuisine des plats de retrouvailles aux belles rondeurs : andouillette de Chablis, pot au feu, saucisse brevetée Montbéliard, gratin de pommes de terre et petites courgettes de Ligurie glanées au marché de Vintimille, salade d’écrevisses et tomate du Piémont, sans oublier l’assiette de charcuterie basque de chez Oteiza, les gâteaux maison (délicieux aux prunes ou à la vanille) et l’insubmersible mousse au chocolat. C’est bon, sain et familial, un cavalier seul loin des trompettes de la bistronomie.

J’aime cet ilôt de résistance où les bouteilles rayonnent du sol au plafond et où Carlos, photographe dans une vie antérieure, puis sommelier au Fouquet’s et représentant de grands domaines, conseille avec malice et sans oeillères ses vins vivants. Originaire de Càceres,ville de l’ouest de l’Espagne et territoire des cépages macabeo et tempranillo, il règne sur plus de cuvées de Loire, Vallée du Rhône, Roussillon, Bourgogne ou Languedoc que de flacons provençaux.

Chenin faisant, voici un Chorey-Les-Beaune de Catherine et Claude Maréchal, le Bellet Via Julia Augusta de Nicolas Cohendet, un Saint-Nicolas-de-Bourgueil de Gérald Vallée (Domaine de la Cotelleraie), Les Iles Feray, vin de pays de l’Ardèche (Pierre Gonon), le Champs des Barbiers, vin de pays de l’Hérault de Stéphane Gros, ou l’excellent Patrimonio Cantina di Torra de Nicolas Mariotti Bindi, tous «vins issus de vendanges humaines» chers à Carlos Ier. Avis aux amateurs, «Rembrandt» a clos ses soirées vigneronnes et n’ouvre qu’au déjeuner mais il reste un vrai lieu du vin, franc, sympa, hors modes. Alors, santé !